- marraine
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• 1080 marrenne; lat. pop. matrina, de mater « mère »1 ♦ Femme qui tient (ou a tenu) un enfant sur les fonts du baptême. Le parrain et la marraine. ⇒Vx commère. Marraine qui gâte son filleul. Oui, marraine.2 ♦ (1690) Femme qui préside au baptême d'une cloche, au lancement d'un navire.3 ♦ (1914-1918) Jeune fille ou femme qui prend soin d'un soldat, l'« adopte », lui envoie des colis. Marraine de guerre.⊗ HOM. Marennes.marrainen. f.d1./d Celle qui tient, a tenu un enfant sur les fonts baptismaux et s'est engagée à veiller à son éducation religieuse. Syn. (Louisiane) nénène.d2./d Celle qui préside à la cérémonie de baptême d'une cloche, d'un navire, etc.⇒MARRAINE, subst. fém.A. — Personne de sexe féminin qui tient un enfant sur les fonds baptismaux et qui est souvent appelée à remplacer les parents en cas de décès ou de carence de ces derniers. Être la marraine de qqn; porter le nom de sa marraine; avoir, choisir qqn pour marraine. Je serai marraine, n'est-ce pas? Oh! quels beaux noms je lui donnerai: Ghilfuccio-Tomaso-Orso-Leone (MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p.180):• 1. La fonction de la charge de parrain ou de marraine crée un lien mystique entre le parrain et le filleul, la marraine et la filleule, bien plus puissant que certaines attaches consanguines. Dans bien des provinces, le parrainage donne naissance à une affection prononcée, souvent plus confiante que celle accordée au père, si bien que toute la vie, le filleul demande conseil ou confie ses secrets plus volontiers à son parrain ou à sa marraine qu'à ses parents (Bourbonnais).MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 1, 1954, p.80.♦[En fonction appellative, parfois suivi d'un nom propre] Marraine Fleur-de-Lys, voyez donc ce que la chèvre vient de faire! (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.289). Vous croyez qu'il m'écoutera, marraine? (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p.105).— P. métaph. [En parlant de qqc. qui préside à la destinée de qqn] Rodolphe, qui avait eu la prodigalité pour marraine, dépensait toujours sa pension en quatre jours (MURGER, Scène vie boh., 1851, p.104).B. —P. anal. [Désignant une pers.]1. [Considérée en relation avec qqn]a) Personne de sexe féminin qui protège quelqu'un et, en partic., l'aide à s'introduire ou à s'imposer dans un certain milieu. La duchesse de Norfolk et la comtesse de Sussex vous attendront dans le premier salon (...). Vos deux marraines vous introduiront alors chez Sa Majesté (DUMAS père, Laird de Dumbiky, 1844, III, 5, p.100):• 2. Il était évident que Mrs Wyndham s'intéressait à lui. Elle l'admirait et pouvait le servir (...). Pendant la campagne, elle joua pour lui le rôle de marraine électorale. Disraëli lui écrivit des lettres aimables où il disait son plaisir de voir leurs deux noms réunis sur les affiches.MAUROIS, Disraëli, 1927, p.105.b) Marraine (de guerre). Femme ou jeune fille qui, en temps de guerre (surtout 1914-18), s'occupait moralement et matériellement d'un soldat du front. Entre parenthèses, ce qu'ils m'ont laissé tomber, les types de l'A. F., surtout depuis que je suis à l'arrière. Même ma marraine. Quand j'étais sur le front de Champagne, elle ne ratait pas de m'écrire tous les huit jours. Et des paquets! Et des phrases tendres à vous tourner la tête! Et de tout (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p.237).2. [Considérée en relation avec qqc.] Personne de sexe féminin qui préside à l'inauguration de quelque chose, qui lui donne son nom. Rien du Sèvres dont Mme de Pompadour fut la marraine (GONCOURT, Journal, 1860, p.780). Le puits Delphine et sa marraine (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p.76).— Usuel. [Lors du baptême d'une cloche, du lancement d'un bateau] V. baptiser ex. 4 et filleul ex. de Ponchon.Prononc. et Orth.: [
], [
-], [-
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 marrene (< :anme ) «personne qui assiste le baptême d'une personne âgée» (Roland, éd. J. Bédier, 3982); 2. p. anal. 1690 «celle qui préside le baptême d'une cloche» (FUR.); 3. p. ext. 1915 marraine pour soldats au front (Le Journal du 16 mars, 1re p., 1re col.); 1916 marraine de guerre (Intermédiaire des chercheurs et des curieux, LXXIV, 311). Issu, avec substitution très anc. du suff. -ana au suff. -ina, du lat. pop. matrina (cf. lat. médiév. matrina spiritalis de Fonte et Confirmatione att. en 753 ds DU CANGE), dér. du lat. class. mater, -tris «mère», d'apr. patrinus (parrain). La forme marrine survit dans de nombreux dial. (v. FEW t. 6, 1, p.499b). Les termes marraine et parrain, qui mettaient l'accent sur les rapports que les parrains avaient avec l'enfant, ont remplacé commère et compère qui exprimaient les rapports des parrains avec les parents de l'enfant et des parrains entre eux. Fréq. abs. littér.:291. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 274, b) 698; XXe s.: a) 650, b) 238.
marraine [maʀɛn] n. f.ÉTYM. XIIIe; marrenne, 1080; d'un lat. pop. matrina, de mater « mère ».❖1 Femme qui tient (ou qui a tenu) un enfant sur les fonts du baptême. ⇒ Commère (vx). || Le parrain et la marraine de qqn. || Fonction de marraine. ⇒ Parrainage (marrainage serait plus normal). || Marraine qui gâte son filleul. || Porter le prénom de sa marraine, un nom choisi par sa marraine (→ Entendre, cit. 5). || Avoir une fée pour marraine (→ Coquet, cit. 10; douer, cit. 2). — Marraine, appellation dont use un filleul à l'égard de sa marraine.1 Dès le samedi soir, madame Lorilleux apporta ses cadeaux de marraine : un bonnet de trente-cinq sous et une robe de baptême, plissée et garnie d'une petite dentelle (…)Zola, l'Assommoir, t. I, IV, p. 132.2 (1690). Femme qui préside au baptême d'une cloche, au lancement d'un navire…2 (…) j'ai vu madame la duchesse, marraine de nos cloches, le jour de Sainte-Andoche, donner à la fabrique cinquante louis en or (…)P.-L. Courier, Lettres, 12 nov. 1819.3 (1868). Femme qui en présente une autre dans une société.4 (Depuis la guerre 1914-1918). Jeune fille ou femme qui se charge d'un militaire, l'« adopte », entretient une correspondance avec lui, lui envoie des colis, le reçoit éventuellement chez elle. || Marraine de guerre.3 (…) les marraines de guerre (dit Jerphanion), cette admirable invention de l'arrière pour maintenir chez le poilu une légère chaleur amoureuse, dont on escompte bien qu'il la transformera tout entière en ardeur patriotique.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XVI, XXIV, p. 232.❖HOM. Marennes.
Encyclopédie Universelle. 2012.